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L'histoire des Harkis de Roussillon-en-Morvan


Genèse d'un projet à la MPOB :
« Hériter de la Guerre d'Algérie »
Les habitants de Roussillon-en-Morvan et des environs parlent « des harkis » ou du « camps des harkis » comme d’un lieu-dit, non loin du bourg du village. Depuis plusieurs années, la Maison du Patrimoine oral de Bourgogne (MPOB), l’association La Cafetière, la réalisatrice Claire ANGELINI, le romancier Didier CORNAILLE et bien d’autres, aidés des anciens du village, tentent de comprendre ce que désignent ces mots encore présents dans les bouches des gens.
- Depuis 2019, la direction de Saône-et-Loire de l’Office nationale des combattants et victimes de guerre (ONACVG) et la mairie de Roussillon tentent de faire protéger ce site.
- Depuis 2020, nous cherchons ensemble les archives et les personnes qui ont pu habiter cet endroit.
- En 2022 et 2023, l’équipe de la Maison du patrimoine oral de Bourgogne prend contact avec des familles de Mouans-Sartoux, d’Arles, de Fos-sur-Mer et avec l’aide des municipalités, l’hospitalité des élus d’Anost, l’appui de l’association des anciens combattants harkis de Mouans-Sartoux, grâce à la confiance de Youcef et Tahar CHIBAH, grâce au soutien de l’historienne Fatima BESNACI-LANCOU, grâce à la détermination d’Ahmed DJOUARI et à l’amitié naissante entre nous, nous avons organisé un voyage pour toutes celles et ceux qui souhaitaient revoir cet endroit de leur enfance, de leur jeunesse. Nous essayons de redonner de la visibilité à cette période douloureuse et à cette familiarité de voisinage entre des morvandiaux et les déplacés du douar de Béni-Boudouane dans le département d’Orléansville (actuelle wilaya de Chlef en Algérie).
Crédit photo : Aurélien GILLIER
Pour aller plus loin, vous pouvez consulter les archives sur
le site des Archives Départementales de Saône-et-Loire

Crédit photo : Aurélien GILLIER
RETROUVER, RENCONTRER, REVENIR
Récit d'une enquête par Théophile LAVAULT
Les archives de la vie du camp de Roussillon-en-Morvan contiennent beaucoup de noms. Des noms d’enfants inscrits à l’école du village, d’hommes embauchés par l’Office National des Forêts (ONF) pour les travaux forestiers, parfois de femmes, mais dont on sait si peu. Dans le cadre d’une recherche menée en collaboration avec la Maison du Patrimoine Oral de Bourgogne (MPOB), l’Office National des Anciens Combattants et des Victimes de Guerre de Saône-et-Loire et le LIR3S de l’Université de Bourgogne, nous voulions retrouver celles et ceux qui avaient vécu cet isolement, dans ce pays qui n’était pas le leur.
C’est à partir d’un nom, d’un prénom, d’une date de naissance, que mes recherches ont commencé : retrouver une adresse, un numéro de téléphone. J’appelai. Parfois, une voix : je me présentais. On m’écoutait patiemment, puis le son du téléphone qui raccrochait.
Je comprenais, face à ces refus nets, la violence de cette intrusion téléphonique, la résurgence soudaine d’une histoire douloureuse. Aujourd’hui, je me dis qu’il aurait mieux fallu écrire. La lettre laisse à son destinataire le temps de s’approprier son contenu, elle lui laisse la liberté de l’ouvrir, de la lire et, surtout, la liberté de répondre ou de ne pas répondre. L’histoire d’une enquête est souvent faite d’erreurs qui nous guident pas-à-pas.
Je suis alors reparti du travail entamé par Laurie DARROUX, anthropologue à la MPOB jusqu’en 2021 et habitante de Roussillon. Elle avait rencontré un jour un homme qui se promenait aux alentours du baraquement. Il lui avait dit qu’il était né ici. Il s’appelait Youcef CHIBAH. Avec son cousin Tahar, Youcef avait accueilli Laurie chez lui, à Arles, pour partager leurs souvenirs d’enfance : l’exode, les camps, Roussillon, son école et son institutrice.
J’ai appelé Tahar pour lui demander son aide. Il m’a conseillé de me rapprocher d’une historienne dont il était ami, Fatima BESNACI-LANCOU, qui pourrait sans doute nous aider. L’échange fut passionnant et j’ai pu lui expliquer notre démarche, partager avec elle nos doutes. Fatima acceptait de me communiquer les coordonnées d’Ahmed DJOUARI : ses parents sont passés par Roussillon-en-Morvan. Elle ne doutait pas qu’il me répondrait.
La suite du dossier est disponible dans le magazine
Vents du Morvan n°88
Retour à Roussillon-en-Morvan
Le 30 avril 2023, Monsieur Trémeray, maire de Roussillon-en-Morvan, et quelques conseillers municipaux ont accueilli 12 membres des familles de harkis qui ont séjourné ici entre 1963 et 1966. Un mémorial leur a été consacré par la commune près du seul baraquement encore existant sur les 4 construits à l’époque pour les recevoir. Ce bâtiment a été aménagé en écomusée.

Crédit photo : Vents du Morvan
D'un enfermement à l'autre...
Mercredi 12 juillet 2023
Un module sonore
Le 12 juillet 2025, la commune de Roussillon-en-Morvan a inauguré le module sonore qui a travers un podcast racontent les récits de vie des harkis et leurs familles.
Vous pouvez écouter ces témoignages en cliquant sur le bouton ci-dessous.
CRÉDITS
Colette ASTIER, Youcef CHIBAH, Tahar CHIBAH, Françoise DJEGRIFF, Catherine DJEMAI, Ahmed DJOUARI, Patrice NEMRI, Sonia TSELDJOUNE
Enquête
Fatima BESNACI LANCOU, Caroline DARROUX, Laurie DARROUX, Théophile LAVAULT
Musique
Augustin LAVAULT et Théophile LAVAULT
Réalisation
Denia CHEBLI
Production
Maison du Patrimoine oral de Bourgogne
REMERCIEMENTS
Merci à Kouider DJEGRIFF, Khédidja DJOUARI, Henri NEMRI, Mohamed TSELDJOUNE,
pour leur confiance et le partage de leurs récits de vie ;
Merci à Fatima BESNACI LANCOU et Ahmed DJOUARI,
pour leur soutien à chaque étape du projet ;
Merci à la municipalité de Mouans-Sartoux
notamment Marie-Louise GOURDON, et à la municipalité d’Anost
pour leur appui technique et logistique.
Merci à l’Office National des Anciens Combattants et Victime de Guerre d’avoir rendu possible ce projet.

